Tuesday, December 8, 2015

Petits mots d'enfants

Janvier 2015:

Dans la voiture les enfants me parlent d'un bouc émissaire et je distingue mal leur prononciation. Je leur précise donc et épelle les deux mots:
Rivière "Ha bon! Je croyais que c'était un bouquet mystère!"
Sirène "Et moi un bouc hémisphère!"
Comme c'est joli!

 Rivière était en CM2 à l'époque et avait un maître très inventif.
Rivière:"Le maître va amener une poule couveuse à l'école. Il voudrait des oeufs fécondés pour observer la naisance des poussins."
Papa:"Une poule dans la classe?"
Rivière "oui"
Moi:" ce ne serait pas plutôt une couveuse tout court? C'est toi qui a rajouté poule!"

Peu de temps après l'Homme a acquis une couveuse et a lui-même fait naître des poussins qui ont donné des poulets qui sont aujourd'hui dans notre congélateur!

Février 2015

Lorsque les grandes soeurs prennent un ton qui ne devrai pas être le leur à l'égard de leurs cadettes je leur rappelle que ce ne sont pas les mères de leurs soeurs. L'Impératrice l'a bien compris. 
Elle se met en colère à table et me déclare:
Elle:Maman, c'est pas toi la mère!
Moi:Ha si, c'est moi justement.
Elle: Non c'est pas toi la mère!
Moi: Alors c'est qui la mère?
Elle :C'est Papa la mère!
Moi: Ah vraiment! C'est Papa la mère? Mais dans ce cas qui est le père!
Elle : C'est Papa le père et c'est Papa la mère!

Quand je pense que j'ai allaité cette petite jusqu'à l'âge de seize mois et qu'elle ne voulait que moi pour le câlin du soir...


J'emmène l'Impératrice à son école située à un quart d'heure des écoles des autres enfants, nous sommes seules dans la voiture. C'est l'occasion de regarder les forêts qui cachent des loups, parfois elle aperçoit les trois petits cochons. Ce matin-là elle joue avec ses doigts. Elle coince son index sous son majeur et sourit à ses doigts. Cela m'intrigue mais je ne dis rien, je conduis. Jusqu'au moment où j'entends sa petite voix trimphale qui me dit "Moi z'ai gagné!"
-"Ha bon, qu'est-ce que tu as gagné?"
-"Z'ai gagné les doigts!"

Avril 2015

Nénuphar a son premier rendez-vous chez l'orthophoniste. Je l'ai pris il y a déjà trois mois tant il y a de l'attente. Nous attendons, plus d'un quart d'heure passe, je suis inquiète pour les autres enfants, la routine du soir qui prendra du retard. Je frappe à la porte et je m'aperçois qu'elle est  fermée à clé. Je peste et j'enrage. J'emmène Nénuphar et nous rentrons (nous habitons juste en face il n'y a que la rue à traverser). Sur le trottoir nénuphar s'interroge en bégayant "Pourquoi on ne va pas voir le docteur de la parole?" et je lui réponds "Parce qu'elle nous a posé un lapin."
Nénuphar semble aussitôt très interessée :"Ah bon elle a posé un lapin? Ou ça?
Moi toujours dans la contrariété:"hé bien à son cabinet"
Nénuphar:"Mais elle a posé un lapin dans l'herbe?"

Je la regarde enfin et ma mauvais humeur fond immédiatement. Je lui souris et je prends le temps de lui expliquer cette expression en gravant dans mon coeur ce petit moment d'innocence qui m'a été offert comme un cadeau unique qui ne reviendra pas.

Monday, December 7, 2015

Un an après...

C'est bien tardivement que je me décide à retrouver les identifiants de ce blog. J'ai tout noté dans mes petits carnets, tous les merveilleux mots d'enfants à ne pas oublier. Je vais tout renoter au fur et à mesure mais là je vais faire un point rapide de l'état des lieux de la famille.

 

Sirène a 12 ans et demi, elle est toujours fine et gracile, elle travaille bien en cinquième dans ce collège au niveau un peu faible. C'est donc moi qui la pousse. Elle a d'excellentes notes que je trouve trop généreuses. Cette enfant est douce, consensuelle, le mot qu'elle prononce le plus souvent est "d'accord". Elle fait de la flûte traversière et du basket. Elle porte des lunettes et un appareil dentaire et pourtant elle est très jolie! Ses yeux sont bruns foncés et ses cheveux châtain clairs, presque blonds.

Rivière vient d'avoir 11 ans. Elle est vive et enjouée. Elle aime ou déteste. Pas de demi-mesure. Elle est parfois théâtrale. C'est la seule de la famille à avoir des yeux bleus. Elle a également d'excellentes notes mais refuse catégoriquement d'être la meilleure de sa classe. Elle sait qu'elle en est capable et refuse d'entrer dans la compétition. Elle fait du piano et du basket, ses cheveux châtains sont bouclés et tombent sous ses épaules, c'est sa grande fierté et cela m'exaspère de la voir se détacher les cheveux et tourner vivement la tête pour faire voler ses anglaises.

 

Nénuphar a 5 ans et demi et c'est devenu une petite fille extrêmement raisonnable. Après un an de visites chez l'orthophoniste elle ne bégaie plus du tout. Elle est toute menue avec de très grands yeux noirs, ses cheveux sont coupés au carré. Depuis peu elle aime porter des jeans, elle qui ne jurait que par les robes et les jupes "qui tournent", pour Hanouccah je vais lui offrir sa première poupée Paola Reina, une jolie Nora pour ma Nénuphar qui aime tant les Africains qu'elle veut en épouser un quand elle sera grande. Elle veut aussi devenir une princesse. Elle dort dans une chambre qu'elle partage avec sa petite soeur.

 

L'impératrice a 3 ans. Lorsque ses deux plus grandes soeurs se disputent elle leur dit "Hé, pouet pouet camembert les deux là!" Et cela résume assez bien le caractère de la demoiselle. Elle aime les histoires du soir de son papa, les câlins de sa maman. Elle parle merveilleusement bien et ressemble de plus en plus à une poupée. A l'école on l'appelle "Joue à bisous" et ce soir elle me disais "Allez Maman, fais des bisous sur mes joues à bisous!". Elle a toujours des joues extraordinairement joufflues, pommelées, qui sentent bon, qui donnent envie de l'embrasser, un sourire toujours espiègle, ses grands yeux sombres et ses belles boucles châtaines retombent dans son dos. Elle caresse ses cheveux en se regarde, très fière "moi z'ai des cheveux de sirène!" C'est tellement vrai!

 

Le Dauphin a profité de l'arrivée de Rivière au collège pour avoir sa chambre toute seule. C'est un grand dormeur et il en profite! Couché tôt et levé tard avec plus de 3 heures de sieste l'après-midi, cela fait tout notre bonheur! Entre temps il marche, il joue, il met tout par terre, il attrape tout, il jette les objets à la poubelle, sort le linge propre pour le mettre dans le bac de linge sale, etc... et tout cela avec un sourire totalement désarmant! 

 

L'Homme a installé un panneau de basket dans la brigade et le Dauphin montre un bel optimisme quand il saisit le ballon à pleines mains, se plante sous le panier et lève le ballon comme s'il avait la moindre chance de mettre un panier!!

 

Cette famille est une bénédiction et cette fois je viendrais en reparler souvent.

Saturday, January 31, 2015

Le petit rucher dans la prairie

J'ai passé mon premier cours d'apiculture aujourd'hui. C'est fabuleux ce monde d'insectes avec une solidarité qui ne dément pas. Cela m'impressionne beaucoup.

J'ai commencé à travailler en Chirurgie Orthopédique, j'ai beaucoup de mal à tenir en ordre les dossiers comme c'est exigé dans le service. Rien n'est informatisé, les prescriptions sont situées à au moins trois endroits différents et naturellement en retour de bloc elles sont à un autre endroit, c'est extrêmement troublant et accidentogène. Mais ce n'est pas le plus important. Le plus important c'est que l'esprit d'équipe soit là, et il est là! Donc tout le reste, je m'y ferais.

Voici quelques nouvelles de la famille. L'Impératrice me boude. Elle raffole toujours plus de son père, elle me dit "Maman Pas belle! Va-t-en Maman, pousse-toi Maman! C'est pas toi me couche, c'est Papa me couche!" J'ai découvert qu'elle est tellement joufflue que même ses yeux sont joufflus. En vérité, quand elle prend son air espiègle, ses yeux descendent dans ses joues et deviennent joufflus. Elle a un grand sourire qui dévoile deux fossettes irrésistibles au milieu de ses joues pommelées et entre ses dents blanches et pointues un charmant rire cascade. Je l'aime! Elle a donc commencé l'école et elle en est ravie.

Le Dauphin a six mois depuis hier. Quel amour d'enfant, son sourire sans dent est le plus charmant qui soit. il sourit de tout son coeur, de tout ses grands yeux sombres. Il commence à avoir de vrais cheveux. Il me câline avec ses merveilleuses mains si douces. Entre nous tout est douceur et joie parfaite. Il fait ses nuits, se couche quand je le dépose doucement dans son lit. Il rit, il babille, tout l'intéresse chaque seconde en sa compagnie me rend plus joyeuse. 

Nénuphar vit une période difficile. Elle bégaie beaucoup et nous attendons le rendez-vous chez l'orthophoniste depuis plusieurs mois. Elle a beaucoup de mal à obéir. Pourtant quand elle se décide à l'être elle est intéressante, agréable, intéressée par les histoires. Elle est habile de ses mains et confectionne seule de très jolis bracelets en élastiques colorés. Elle a beaucoup besoin de câlins.

Sunday, December 14, 2014

La suite des aventures de notre petite famille

Suite à l'impossibilité de poursuivre mon blog à son ancienne adresse je poursuis donc le recueil de nos petites aventures du quotidien à cette adresse.

Voici les dernières nouvelles:

Hier a été une journée particulièrement mouvementée. Dans l'après-midi nous devions goûter pour la première fois chez une collègue à moi. Il se trouve que j'étais très en retard en raison de quelques incidents de dernières minutes (des douches à donner après la sieste, vivement l'acquisition de la propreté pour l'Impératrice!). 
J'ai perdu mon chemin pendant une vingtaine de minutes aussi ne sommes nous restés que le temps de déranger le tiers de la surface de cette belle maison toute propre, jeter à terre la moitié du goûter histoire de crépir le carrelage trop blanc et faire enrager la pauvre petite fillette en dérangeant la totalité de ses jouets. 
La nuit tombait et je devais me hâter car à 17h30 Sirène devait retrouver les autres enfants de l'école de musique pour son concert. Il se trouve qu'elle avait un autre engagement à 19h30 pour aller en bus à la ville avec d'autres collégiens voir une version moderne du Cid. Nous avions donc demandé à son professeur qu'elle passe dans les premiers au concert qui démarrait à 18h00 et le professeur nous avait assuré qu'elle passerait la première.
J'arrivais à peine 10 minutes avant le début du concert, je déposais Sirène en vitesse en lui assurant que nous ferions notre possible pour assister à sa représentation.

Nous nous garâmes à la brigade ou nous vivons et j'attrapais la poussette, y fourrait le Dauphin, l'emmitouflait, tandis que Rivière, débrouillarde s'occupait d'aider  Nénuphar à s'extirper du coffre de l'auto. L'Impératrice protestait, comme souvent et semblait décidée à se rouler à terre, aussi l'empoignai-je énergiquement et démarrait notre caravane d'un bon train, nous n'avions plus que 7 minutes avant le début du concert. Je respirais trois coups avant de me rappeler qu'aucun concert, jamais, ne commence à l'heure, du moins pas dans ce pays, et j'emmenais ma petite troupe silencieuse de se trouver dehors à la nuit tombée.

Nous arrivâmes alors que le concert allait débuter et j’aperçus Sirène, les cheveux lisses sagement coiffés d'un serre-tête, son joli chemisier blanc et sa jupe plissée et elle me sourit de loin, longue et fine, si jolie et si petite et sage, si sage. L'espace d'un instant je me dis que cette enfant frôlait parfois la perfection et que c'était bien la preuve qu'il y a de l'inné chez l'humain...
Bref elle vint nous rejoindre en catimini pour me dire qu'elle jouerai en premier ... dans les flûtistes, évidemment puisqu'elle est flûtiste, hors les flûtistes jouent en dernier.

Catastrophe. Au moins une heure à faire tenir tranquille Nénuphar et l'Impératrice et l'on n'en était qu'au discours de la conseillère municipale... Le Dauphin commençait à se manifester, il finit dans mes bras où je l'allaitais en toute discrétion sous des plis de vestes, de foulards et de châles savamment enchevêtrés, debout, ficelé dans un foulard. l'Impératrice était mignonnette, fatiguée par sa sieste interrompue elle se promenait, investissait la poussette, mais le tout assez silencieusement pour que je la laisse faire. Nénuphar était assez sage aussi bien qu'elle ne réussisse pas à laisser ses petites fesses posées sur une chaise plus de 5 minutes, aussi je l'emmenais près de la porte afin qu'elle puisse danser. Rivière avait la bougeotte aussi. Alors que je finis par m'asseoir pour nourrir le Dauphin plus à mon aise Nénuphar me rappela qu'elle avait une envie pressante. A la vérité elle me l'avait dit sur la route et j'avais oublié. Je demandais à Rivière de l'emmener au toilettes. Rivière se trompa de porte, fit le tour de la pièce en entier, puis revint sur ses pas avant d'atteindre la porte. 

Pendant tout ce temps je subissais les regards noirs de certains messieurs assis au fond de la salle qui avaient de bonnes têtes d'élus locaux. Je ne vois pas comment j'aurais pu mieux faire car toute ma tribu était silencieuse. là-dessus Sirène dérangea toute la rangée pour me chuchoter à l'oreille "Maman, Nénuphar n'a pas eu le temps d'atteindre la cuvette des WC, il y a une grosse flaque de pipi par terre et elle est trempée." Ok. Buvons donc cette coupe jusqu'à la lie me dis-je. Il était déjà 18h45 et je commençais à me dire que Sirène n'aurait pas le temps de dîner à ce rythme. J'avisais la maman d'une copine de Rivière et lui demandait sans attendre de réponse de garder un oeil sur l'Impératrice. Je reficelais le Dauphin dans mon foulard, traversai toute la pièce devant les messieurs désormais franchement hostiles, j'atteignis les toilettes où les collants, la culotte et les chaussures en cuir de Nénuphar tentaient d'éponger une marre de pipi. Nénuphar, jambes nues, assises sur son trône était désolée. J'épongeais ce que je pus d'une main, je rinçais les chaussures en vitesse "remets-les ma chérie tu ne pourras pas marcher pieds nus" et j'emballais les sous-vêtements dans des essuies-mains, allez, on y va. "Sirène ma puce, je suis désolée mais je crois qu'on ne peut pas attendre plus longtemps sans quoi tu vas manquer ta pièce de théâtre, va prévenir ton prof il faut qu'on s'en aille"
Le prof en question était sur scène, en train de jouer. "Maman normalement je devrais jouer juste après lui"
"ha bon! Alors va ma chérie, joue!"

l'Homme lui a offert une magnifique flûte traversière dénichée quasi neuve sur le bon coin. Elle faisait son premier concert avec cette flûte et je peux dire que j'ai vraiment été fière d'elle. Elle s'était beaucoup exercée, j'avais été intraitable sur le respect du rythme (elle joue avec un CD et n'a donc pas droit à l'erreur) et je dois dire qu'elle était parfaitement en place. 

Le temps qu'elle se prépare toute la tribu était gantée et encapuchonnée,  je pris le temps de la féliciter et zou, au pas de charge, tout le monde à la brigade! Nénuphar ne se plaignot pas une seule fois du froid de décembre sur ses jambes nues.

En un tournemain je réchauffais une soupe, préparait un boulghour, envoyais Sirène à la douche, Rivière sortir le chien et tachai d'arbitrer entre Nénuphar et l'Impératrice qui voulaient le même Playmobil et le voulaient bruyamment. L'homme rentra de sa patrouille à temps pour assurer la relève le temps que Sirène avale sa soupe et emporte le petit panier que je lui avait confectionné et zou, j'emmenais Sirène au point de rendez-vous et me dépêchais de rentrer parce que l'Homme était d'astreinte.

Voilà une journée rythmée au point de m'avoir laissé oublier de penser. Je tout de même trouvé le temps de me poser avec Nenuphar le temps de parler, faire un dessin de princesses, j'ai pu prendre aussi le temps avec Rivière d'évoquer les hauts et les bas de ses relations avec ses amies de l'école.

Mon petit Dauphin a été si mignon ensuite, quel plaisir de sentir ce petit être abandonné, confiant, au creux de mes bras. Le regarder dormir est un spectacle qui me ravi infiniment. Il a la peau si douce, un petit nez si mignon, de longs cils qui ombrent ses joues rebondies, dans son sommeil sa petite main m'effleure dans une caresse toute tendre... Quel amour d'enfant...